L'âge baroque
Le catholicisme romain et la papauté regagnent crédibilité et influence après le concile de Trente (1545-1563) et le début de la Contre-Réforme. L'Italie retrouve au XVIIe s. la sécurité et la prospérité ; grâce au talent des Italiens et des étrangers, le siège de la papauté devient la ville la plus influente sur le plan artistique de 1600 à 1660, date à laquelle elle sera supplantée par Paris et par Versailles. Les papes de l'époque baroque rivalisent avec leurs prédécesseurs de la Renaissance par leurs actions de mécénat, destinées à faire de Rome un symbole visible du pouvoir spirituel et temporel de la nouvelle Église catholique romaine. Il faut des édifices religieux pour accueillir les saints nouvellement canonisés, les nouveaux ordres religieux et des fidèles en nombre croissant. La liturgie élaborée de la Contre-Réforme, qui cherche à susciter des émotions par son faste, est à l'origine des agrandissements et des embellissements apportés aux anciennes constructions religieuses. Par ailleurs, la prospérité grandissante et l'extension de l'aristocratie incitent à la construction de palais, de villas et de jardins luxueux, adaptés au style de vie théâtral de l'époque baroque ; comme les églises, ils symbolisent la richesse et le pouvoir. C'est le Bernin qui donne le ton à l'Italie baroque, comme Michel-Ange l'avait fait au siècle précédent : le style qui s'élabore dans la péninsule grâce à ses sculptures et à son architecture et aux peintures du Caravage et des Carrache, aura une influence dans toute l'Europe, excepté dans les pays protestants, qui considèrent l'exubérance et l'ostentation du style baroque comme excessives, voire immorales. Aux génies de l'architecture baroque romaine (le Bernin et Borromini) répondent Guarino Guarini à Turin et Baldassare Longhena à Venise. Leurs plans complexes, associés à des perspectives changeantes, des murs ondulants ou incurvés, des proportions imposantes, un éclairage théâtral, des matériaux somptueux et une ornementation exubérante, donnent à leurs œuvres dynamisme et magnificence. Toutes les formes d'art – architecture, peinture et sculpture – se trouvent combinées pour créer une atmosphère impressionnante, dont le parallèle dans le monde de la musique est l'opéra, autre création de l'Italie baroque. L'illusion d'optique est souvent employée pour étoffer la réalité émotionnelle et physique, comme dans l'architecture en trompe-l'œil conçue par Andrea Pozzo pour le plafond de l'église Saint-Ignace, à Rome, destinée à encadrer une fresque représentant un miracle. Les architectes baroques ne se contentent pas de construire des maisons individuelles, ils sont aussi des urbanistes créateurs et des architectes paysagers. La mise en place de structures dans leur environnement et leurs interrelations sont également un moyen de diriger l'attention du spectateur et de donner un caractère symbolique à la construction, comme c'est le cas pour la place Saint-Pierre, construite à Rome par le Bernin, à partir de 1656. La sculpture baroque est généralement intégrée dans un ensemble urbain ou architectural, comme la Fontaine des Quatre-Fleuves, du Bernin, au centre de la place Navone de Rome, ou commel'Extase de sainte Thérèse, que le même artiste conçoit pour la chapelle de l'église Santa Maria della Vittoria, à Rome. Pour obtenir une impression de grande richesse, ou pour imiter la réalité, le baroque combine plusieurs matériaux, tels le bronze et différentes variétés de marbres de couleur. Au début du XVIIe s., le baroque italien se divise en deux écoles distinctes de peinture. Le Caravage et ses disciples, tels Orazio Gentileschi et sa fille Artemisia, illustrent la veine naturaliste, explorant la technique du ténébrisme, qui dramatise au maximum l'effet de contraste entre la lumière et l'ombre. L'académie de Bologne, fondée en 1585 par les Carrache, fournit un contrepoint classique à l'école du Caravage. Leur synthèse académique et classicisante de l'énergie de Michel-Ange, de l'idéalisme de Raphaël et de la couleur de Titien influencera d'autres peintres de Bologne, comme Guido Reni, le Dominiquin et le Guerchin. |