La haute Renaissance
Dans les années 1495-1520, Rome ravit à Florence sa position de centre artistique d'avant-garde. Le mécénat exercé par les papes Jules II et Léon X, dont bénéficient Michel-Ange, Raphaël et Bramante, donne lieu à l'un des épisodes les plus éclatants de l'histoire de l'art.
Bramante et Michel-Ange élaborent l'architecture splendide et solennelle voulue par une papauté désireuse d'édifier des monuments capables de concurrencer ou de surpasser la noblesse impériale de la Rome antique. Afin de renforcer l'aspect monumental, Michel-Ange remet à l'honneur le procédé romain consistant à superposer plusieurs étages de colonnes. La basilique Saint-Pierre de Rome est reconstruite à partir d'un plan central imposant. La préférence accordée au volume sculptural plutôt qu'au plan ou à la surface murale, éléments caractéristiques de l'architecture du Quattrocento, renforce l'aspect solide et imposant des édifices de la phase classique, tel le Tempietto de San Pietro in Montorio (Rome), élevé en 1502 par Bramante.
Le début du XVIe s. est marqué par une dichotomie esthétique entre le classicisme intellectuel des écoles florentine et romaine, et le romantisme sensuel des Vénitiens. Jusqu'au XXe s., ces deux esthétiques divergentes tiendront souvent lieu de pôles à la peinture occidentale. Les écoles florentine et romaine affichent une prédilection pour le dessin ou la ligne, ainsi que pour le modelé sculptural. Les Vénitiens, au contraire, préfèrent les tableaux sensuels et d'atmosphère, accentuant les effets de lumière et la richesse tonale. La Cène de Léonard de Vinci (vers 1495-1498), fresque de l'église Santa Maria delle Grazie de Milan, et les fresques de Raphaël qui ornent la chambre de la Signature (1509), au palais du Vatican, sont représentatives des tendances florentine et romaine, tandis que les peintures à l'huile de Giorgione et de Titien reflètent les préoccupations vénitiennes.
Le style maniériste du XVIe s. constitue une réaction face à l'instabilité économique, à l'occupation étrangère, au désenchantement philosophique et aux tendances séparatistes suscitées par la Réforme protestante. Bien que le courant maniériste apparaisse à Rome et à Florence, il n'est lié à aucune localité particulière. En effet, les artistes n'affichent pas de préférence marquée, choisissant un lieu pour sa sécurité relative et les facilités qu'il offre sur le plan professionnel. Nombre d'entre eux quittent même l'Italie, répandant le maniérisme à travers toute l'Europe et l'élevant au rang de premier style international italien depuis l'Antiquité romaine. Michel-Ange, qui acquiert de son vivant une réputation mondiale, compte parmi les maniéristes les plus influents, après avoir été l'un des tenants les plus renommés de la phase classique de la Renaissance. Reflétant l'évolution globale du XVIe s., ses édifices, sa peinture, sa sculpture et sa poésie passeront du positivisme au négativisme, de la précision à l'ambivalence.
On reproche parfois aux architectes maniéristes, tel Jules Romain – qui construit à Mantoue le palais du Te, dont il exécute également le décor peint –, d'utiliser des motifs classiques de manière inharmonieuse, de concevoir des ornements bizarres, et de manifester un penchant pour une organisation spatiale incertaine. De fait, ils remettent constamment en question le vocabulaire architectonique et l'espace. Les peintres, de Pontormo au Parmesan et à Bronzino, mettent l'accent sur l'irrationnel et l'antinaturel afin de traduire les conflits et la désorganisation de l'époque. Leurs compositions sont volontiers allongées, resserrées, asymétriques et enchevêtrées. Les œuvres au style affecté de Benvenuto Cellini et de Jean Bologne, avec leur équilibre incertain et leur agitation névrotique, sont représentatives de la sculpture maniériste.
À Venise, où la situation économique et politique est relativement plus stable, le courant maniériste n'atteint pas de telles extrémités. Palladio, par son utilisation inventive des usages classiques, influencera par la suite les architectures anglaise et américaine. Le baroque italien s'inspirera pour sa part de l'œuvre du Tintoret, caractérisée par une composition en oblique et un emploi spectaculaire de la lumière. Quant à la splendeur décorative des tableaux de Véronèse, elle est emblématique du goût vénitien pour l'opulence des couleurs et la profusion des décors.
On reproche parfois aux architectes maniéristes, tel Jules Romain – qui construit à Mantoue le palais du Te, dont il exécute également le décor peint –, d'utiliser des motifs classiques de manière inharmonieuse, de concevoir des ornements bizarres, et de manifester un penchant pour une organisation spatiale incertaine. De fait, ils remettent constamment en question le vocabulaire architectonique et l'espace. Les peintres, de Pontormo au Parmesan et à Bronzino, mettent l'accent sur l'irrationnel et l'antinaturel afin de traduire les conflits et la désorganisation de l'époque. Leurs compositions sont volontiers allongées, resserrées, asymétriques et enchevêtrées. Les œuvres au style affecté de Benvenuto Cellini et de Jean Bologne, avec leur équilibre incertain et leur agitation névrotique, sont représentatives de la sculpture maniériste.
À Venise, où la situation économique et politique est relativement plus stable, le courant maniériste n'atteint pas de telles extrémités. Palladio, par son utilisation inventive des usages classiques, influencera par la suite les architectures anglaise et américaine. Le baroque italien s'inspirera pour sa part de l'œuvre du Tintoret, caractérisée par une composition en oblique et un emploi spectaculaire de la lumière. Quant à la splendeur décorative des tableaux de Véronèse, elle est emblématique du goût vénitien pour l'opulence des couleurs et la profusion des décors.